lundi 30 juin 2008

Miroslav Tichý au Centre Pompidou



En mars dernier, quand j'ai eu un rendez-vous avec M. Marc Lenot dit Lunettes Rouges, il m'a parlé de ce photographe hors du commun.

 Miroslav Tichý (né le 20 novembre 1926 à Nětčice, Moravie)

Hier je suis allé voir ses oeuvres au Centre Pompidou. Après avoir entendu son nom en mars, j'ai vu ses plusieurs photographies sur internet et l'exposition n'était pas une grande surprise.




Mais, l'appareil photo qu'il a fait lui-même était intéressant. Dans le film d'entretien, j'ai entendu quelques phrases qui exprimaient sa philosophie. Je les ai trouvées fascinantes. Par exemple,

"Je n'existe pas ! Je suis un outil. Un outil de perception peut-être. Je ne crois en rien, ni en personne, même pas en moi-même."


"Je suis un observateur. J'observe aussi consciensieusement que possible. Ça arrive sans aucun effort de ma part."


"Je ne décidais rien du tout. C'est le temps qui le faisait, au fur et à mesure de la journée. Tout est régi par le rythme de la Terre. C'est ça qui est déterminé à l'avance. C'est ce qu'on appelle le destin."


"Plaisir est un mot que je rejette complètement ! Comment est-ce qu'un sceptique comme moi pourrait avoir du plaisir ? Je chasse tous les sentiments faciles tel que le plaisir."





dimanche 29 juin 2008

Pourquoi je suis si avisé


A la question de l'alimentation s'apparente étroitement celle du lieu et du climat. Nul n'a la liberté de vivre n'importe où ; celui qui doit satisfaire à de grandes tâches qui requièrent toute son énergie n'a même qu'un choix fort restreint. L'influence du climat sur le métabolisme, qu'il le relantisse ou l'accélère, est telle qu'une erreur sur le lieu et le climat peut non seulement détourner quelqu'un de sa tâche, mais encore la lui cacher complètement : il ne l'aperçoit absolument plus. Le vigor animal n'est pas devenu assez grand chez lui pour qu'il atteigne cette liberté qui déborde jusqu'aux confins extêmes de l'esprit, oû l'on peut avouer : cela, je suis seul à pouvoir le faire...

Une certaine paresse, si légère soit-elle, des intestins, tournée en mauvaise habitude, suffit complètement à faire d'un génie quelque chose de médiocre, quelque chose d'« allemand » ; le climat allemand suffit à lui seul à décourager les tripes fortes et le plus héroïquement disposées. Le tempo du métabolisme est en rapport strict avec la mobilité ou la lourdeur des pieds de l'esprit ; l'« esprit », quant à lui, n'est assurément qu'un avatar de ce métabolisme.

Que l'on fasse la revue de tous les lieux où il y a et il y a eu des hommes de l'esprit, où le bonheur impliquait le mot d'esprit, le raffinement, la malice, où le génie était presque nécessairement chez soi : tous jouissent d'un air remarquablement sec. Paris, la Provence, Florence, Jérusalem, Athènes --- ces noms prouvent quelque chose : le génie a pour condition l'air sec, le ciel dégagé, --- c'est-à-dire un métabolisme rapide, la possibilité de s'approvisionner en quantités toujours plus énormes d'énergie. J'ai sous les yeux le cas d'un esprit remarquable et librement disposé que le défaut de finesse d'instinct dans l'ordre du climat a rendu étriqué, rampant, spécialiste et morose. Et moi aussi j'aurais pu finalement être dans le même cas, si la maladie ne m'avait contraint à la raison, à la réflexion sur la raison dans la réalité.

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Nietzsche " Ecce homo " (traduit par Eric Blondel)


samedi 28 juin 2008

"Phénomènes"par M. Night Shyamalan


Hier, je suis allé à l'Institut Pasteur pour la rédaction d'un article scientifique qui m'a attendu longtemps. Il s'agit d'une molécule qui contrôle l'action de mastocyte, l'un des principaux acteurs dans le développement de l'allergie. En fait, j'aurais dû faire beaucoup plus tôt, si possible avant de venir ici, ou au tard jusqu'à la fin de l'année dernière. Mais tout simplement, je ne pouvait pas le faire. Une des raisons en est évidemment que je ne pouvais pas me concentrer à la science parce que l'étude du nouveau domaine de la philosophie m'a submergé. Maintenant que je suis libre de ces obligations, j'ai finalement obtenu l'espace psychologique pour ce travail.

Ayant heureusement commencé à écrire ce papier, j'avais envie de voir un film. Au cinéma, le film de M. Night Shyamalan (" Phénomènes ", le titre original: " The Happening ") était sur le point de commencer et j'ai décidé de le voir. Tout d'abord, j'ai aimé son film précédent " The sixth sense (Sixième sens) ". Deuxièmement, bien que son film " Unbreakable (Incassable) " ne m'ait pas impressionné du tout, je voulais voir l'évolution de son cinéma depuis.

Ce film traite certains problèmes intéressants: par exemple, ce que la science peut et ne peut pas faire, l'interaction entre l'homme et la nature, et bien sûr l'amour. L'intrigue elle-même est fascinante et le tempo est aussi agréable. Mais quelque chose d'important est manquant. Probablement c'est liée à ma perception que tout est superficiel. Je n'étais pas complètement satisfait par ce film, ou plus précisément je ne m'intéresse plus à ce type de film que j'ai aimé avant. Je ne sais pourquoi. C'est parce que ma sensibilité a changé depuis que je suis venu ici à Paris septembre dernier? Ou tout simplement parce que le processus de vieillissement qui se produit n'importe où on est? En tout cas, j'ai eu l'impression que, à moins que Shyamalan change de manière drastique ou modifie son présent style, il sera difficile de produire un film qui dépasse le niveau du "Sixième sens".


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Yesterday, I went to the Pasteur Institute to write up the paper that have waited for long time to come out. It is a scientific paper on a molecule that controls the action of mast cell, one of the key players in the development of allergy. In fact, I should have done much earlier, ideally before coming here, or hopefully by the end of last year. But I simply could not do it. One of the reasons is obviously that I could not concentrate my energy and attention to science because the study of the new field of philosophy overwhelmed me. Now that I am free from these obligations, I finally get some psychological space for this work.

Having happily started the long-awaiting paper, I felt like seeing a movie. At the theater, the film of M. Night Shyamalan ("Phénomènes", the original title: "The Happening") was about to start and I decided to see it. One of the reasons is that I liked his earlier "The Sixth Sense". Although the next one "Unbreakable" did not impress me at all, I wanted see the development of his film-making since then.

This movie deals with some interesting problems: for example, what science can and cannot do, the interaction between man and nature, and of course love. The plot itself is intriguing and the tempo is also pleasant. But something important is missing. This may be related to my perception that everything is superficial or shallow. Unfortunately I was not satisfied completely by this movie, or more precisely I am not any more for this type of film that I have enjoyed before. I don't know why. That is because my sensitivity has changed since I came here in Paris last September? Or simply because of the process of aging that occurs anywhere you are? In any case, I had an impression that unless Shyamalan drastically change or modifies his present style of film-making, it will be difficult to produce a movie that surpasses the level of "The Sixth Senses".

lundi 23 juin 2008

L'Exposition de Patrick de Wilde à l'UNESCO


Cet après-midi, j'ai travaillé sur le mémoire dans un café devant l'UNESCO. C'était complètement par hasard. Et j'y ai rencontré l'exposition de Patrick de Wilde. Voici ses photos parmi environ 100 oeuvres.



Antoine de Saint Exupéry (29 juin 1900 - 31 juillet 1944)













Edgar Morin (né à Paris le 8 juillet 1921)














Maurice Merleau-Ponty (14 mars 1908 - 3 mai 1961)



dimanche 22 juin 2008

La Fête de la Musique

Hier soir, je suis allé au quartier Latin pour fêter l'anniversaire de mon amie. Le quartier était plein de musique et de temps en temps un peu bruyant. La musique sans cesse et une foule de gens toute la nuit. C'était la Fête de la Musique. Voici quelques photos.












Après avoir posté un billet sur mon blog japonais, j'ai reçu un autre haiku de Miko. J'ai essayé de la traduire, mais il était difficile. Surtout le mot "まとふ(la forme ancienne de まとう)" (comme "porter" le vêtement). La deuxième version est la traduction littérale. Donc je crains que les français ne la comprennent pas. Vos commentaires sont les bienvenus.

   夏至まとふカフェに悠久ありにけり   ミコ

     dans un café
      au sein du solstice d'été
       on y voyait l'éternité

     au café
      portant le solstice d'été
       il y avait l'éternité
     
     (Miko, traduit par paul ailleurs)


vendredi 20 juin 2008

La révision de mon blog --- Major revision of my blog


Le musée départemental Albert-Kahn (Le jardin à la française)


Aujourd'hui j'ai décidé de fusioner mon blog en anglais avec ce blog français. L'un des raisons est que tout naturellement c'est plus facile à gérer. Aussi important, c'est qu'en faisant cela je peux écrire plus souvent des billets en langue étrangère. Merci de vos compréhensions et soutiens !

Today I have decided to combine the blog in English with this French version. One of the reasons is that one is much easier to handle than two. Since I have several blogs in Japanese, I can write articles in foreign languages more frequently in this way. I would appreciate your understandings and supports.

lundi 9 juin 2008

"Science as Autobiography: The Troubled Life of Niels Jerne" by Thomas Söderqvist



As a starter for this summer vacation, I read a biography of an immunologist named Niels Jerne (Thomas Söderqvist "Science as Autobiography: The Troubled Life of Niels Jerne", Yale University Press, 2003). The reason why I read this book is rather strange. In one of the New Year's cards this year, I found his name. The sender of that card is my friend scientist with whom I had worked together at the graduate school for one year before I left for the US. While I was in New York City, he spent one year at a nearby University and then left for England to stay there for almost 10 years. In his card, he mentioned he saw Jerne in me or in my style of life. Naturally I was surprised to see his words. Because I admired or more precisely envied his way of doing research, I wanted to know what made him choose his style of research or life and why my friend sent me such a message. And it turned out to be an interesting and enjoyable read.

First of all, I was surprised to see some of the chapter titles. Because I thought as if those were my statements. For example,

 1. "I have never in my life felt I belonged in the place where I lived"

 3. "I wanted to study something that couldn't be used"

 4. "I have the feeling that everything around me is enveloped in a mist"

 21. "Immunology is for me becoming a mostly philosophical subject"

Last one was probably my deep-seated desire, which was not realized during my scientific career. That may be the reason why I am here in Paris to look at this field from philosophical perspectives. In any case, I saw in this book a typical (at least for me) European scientist (although that may not be the case for European eyes). Probably because I am now in Europe and I have been in the States for 7 years, I could feel physically the big gap between the two cultures. His stay in Pasadena, for example, may be a case in point. When he came back to Europe, he realized the things of "tremendous importance: the European soul, a thousand years of European history, fantastic vitality and creativity." I can better understand his reaction now.

After having read this book full of interesting anecdotes, however, I still cannot figure out the meaning of my friend's observation.

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Note:
Having seen my article in the Japanese blog, Prof. Söderqvist sent me an email saying that the Japanese version is now available. And I found in his blog that he had an impression that his intention was not clearly understood on the part of translators, judging from the translated title 「免疫学の巨人」 ("The giant in immunology"). The following is the reason:

"The thrust of the book is that Jerne’s theoretical work in immunology was a metaphorical projection of his understanding of himself. His science was literally his autobiography. Accordingly Science as Autobiography is a case-study of an auto/biographical approach to understanding the construction of scientific knowledge. My claim is that the inner life of the scientist constitutes an emotional and existential context for the production of scientific knowledge which is as important as the cultural or social contexts.

Most reviewers got this message right (like Fred Tauber in Bull. Hist. Med.). But, alas, it gets completely lost in the translation. The new title erroneously classifies the biography into one of these hagiographical works that I very consciously tried to stay away from. Maybe some immunologists believe Jerne was a ‘giant’, but I certainly didn’t portray him as such. It simply wasn’t the intention of the book."

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At Danish State Serum Institute, 1950-51. At left, Gunther Stent, at right, James Watson and Niels Jerne (standing)

(June 21, 2008)

I noticed one of the players in this book, Dr. Gunther Stent, had died on June 12, 2008. The New York Times Obituary is here.